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mardi 13 septembre 2011, par Christine Deslandes
Les fonds de couverture (hedge funds) souffrent d’un problème d’image. Faisant partie du monde secret des infâmes « boîtes noires », lorsque l’un d’entre eux se fracasse, c’est souvent très spectaculaire, et ça ne manque pas de faire saliver les grands réseaux de télévision.
Les fonds de couverture sont couramment blâmés pour à peu près tous les événements négatifs qui surviennent dans les marchés financiers. On considère même qu’ils sont responsables de l’augmentation des prix des aliments, du pétrole et des matériaux de base.
Et ils ne sont pas les seuls à se voir accoler l’étiquette de « spéculateurs cupides, capables de faire monter à des niveaux extrêmement hauts les prix de n’importe quoi de négociable simplement pour faire de l’argent ». Les fonds de pension sont dans le même bain.
Certains disent aussi cyniquement que les frais des fonds de couverture sont si élevés que leurs gestionnaires ont plus de chance de s’enrichir que leurs clients.
Ces fonds ont longtemps été des boucs émissaires pratiques, principalement parce que leur mode de fonctionnement n’est généralement pas compris et peut-être encore plus du fait que c’est souvent uniquement les riches qui peuvent y investir. L’argument qu’avancent certains est qu’un fonds de couverture qui place, disons, 10 % de ses actifs dans l’énergie devra continuer d’acheter de l’énergie au fur et à mesure que de nouveaux capitaux entreront. Par conséquent, les achats continueront encore et encore jusqu’à ce que les prix de l’énergie se mettent à poindre. Et ce processus n’aurait aucune fin…
Mais dans les faits, les fonds de couverture ne doivent-ils pas, à un certain moment, prendre des profits, modifier leur allocation d’actif, vendre à découvert un marché, etc. ? Par exemple, peut-on blâmer les fonds de couverture pour la hausse du prix du maïs sachant que l’industrie de l’éthanol fait présentement preuve d’un appétit insatiable pour cette denrée ?
En réalité, les gestionnaires de fonds de couverture sont rarement enchaînés à une position et, dans l’ensemble, ils sont très intelligents. Durant la crise du crédit, les rendements des fonds de couverture ont été comparés à ceux des grandes institutions bancaires, et cet examen a révélé une image surprenante. Même si on comptait un nombre important de fonds de couverture, seul un petit nombre d’entre eux rencontraient des problèmes majeurs, tandis que les banques, elles, luttaient farouchement pour attirer de nouveaux capitaux et pouvoir ainsi garder la tête hors de l’eau.
Comme la plupart des gestionnaires de fonds de couverture ont été à un moment ou à un autre à l’emploi d’un géant bancaire, que devons-nous penser ? Cela pourrait vouloir dire que les banques font face à un exode de cerveaux. Les plus intelligents ont lancé leur propre firme, tandis que les moins bons sont restés derrière. Il est difficile de croire à une coïncidence lorsqu’un aussi grand nombre de banques tombent en même temps dans la même trappe et, dans la suite des événements, voient leur bilan s’effondrer, alors que peu de gestionnaires de fonds de couverture indépendants ont subi plus d’une contusion ou deux.
C’est quelque chose qu’il faudrait sans doute avoir en tête en planifiant la diversification d’un portefeuille. L’émergence de l’industrie des fonds de couverture a donné à quelques gestionnaires brillants l’opportunité de travailler librement dans leur environnement préféré. Il est vrai que, comme il fallait s’y attendre, quelques gestionnaires moins brillants ont aussi tenté leur chance, ce qui explique pourquoi les fonds de couverture ont en moyenne une durée de vie relativement courte. Le truc, cependant, c’est de séparer les bonnes pommes des mauvaises, ce qui n’est pas infaisable ; en fait, les résultats peuvent même être très satisfaisants ! Peut-être qu’un dépôt bancaire n’est pas aussi sécuritaire qu’on le croit, et peut-être qu’un investissement dans un fonds de couverture n’est pas aussi risqué qu’il en a l’air !
Cet article est fourni par Consultants en Gestion de Patrimoine Blue Bridge