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jeudi 31 mai 2012, par Christine Deslandes
Les agences de notation sont le thermomètre de la santé des émetteurs (entreprises, gouvernements, sociétés d’État) de dette et de titres à revenu fixe. Elles analysent leur solvabilité et leur octroient une note qui va de la qualité la plus élevée, peu risquée, à la qualité la plus faible, où la probabilité de remboursement est infime, voire nulle.
Moody’s (40 % du marché), Standard & Poor’s (40 %) et Fitch (10 %) dominent le secteur. Des agences plus petites et plus spécialisées gravitent autour d’elles.
Le rôle de ces agences est d’être un intermédiaire entre les émetteurs et les investisseurs, qui souhaitent obtenir une information simple, fiable et peu coûteuse. La cote de crédit leur permet de se faire une opinion tout en faisant l’économie d’un travail de recherche.
Les émetteurs, pour leur part, ont intérêt à recourir aux agences, car cela leur permet d’être rapidement connus des prêteurs potentiels. Les agences facilitent donc leur financement, surtout que la note précise également le taux d’intérêt qu’ils doivent offrir.
Les emprunteurs dont la note de crédit est plus élevée, donc meilleure, ont plus facilement accès au financement qu’ils obtiennent à moindre coût, car on les juge moins risqués et plus susceptibles de rembourser l’intégralité de ce qu’ils doivent, intérêts compris.
Controverse
Malgré l’importance qu’on leur accorde, les agences de notation ne sont pas infaillibles. La crise des prêts hypothécaires à risque aux États-Unis a même été un énorme échec.
Cela a entraîné un débat sur le rôle des agences, essentiellement des entreprises privées, ainsi que leur encadrement. La crise du crédit a soulevé notamment les questions de savoir comment elles déterminent leurs notes, ce qu’elles évaluent, si ces cotes peuvent alimenter l’envolée du crédit, et si elles ont des effets pervers.
Pour réduire les risques de conflits d’intérêts et les erreurs, certains observateurs croient en outre que l’État devrait fournir le service d’évaluation de la solvabilité des émetteurs. Ils voient cet abandon de l’analyse à des agences privées comme une forme de défaillance du gouvernement, car ce dernier transfère l’autorité à des sociétés privées tout en conservant la responsabilité des conséquences.
En revanche, d’autres pensent qu’il continuera à y avoir des conflits d’intérêt et des évaluations erronées même si les gouvernements ou d’autres organismes d’État octroient les cotes de crédit. Par conséquent, ils prônent pour un meilleur encadrement des agences de notation.
Dans ce débat, il ne faudrait pas surestimer le rôle des agences durant la crise du crédit. Contrairement à la croyance populaire, leur mandat n’est pas de prévoir le futur et de prévenir les crises. Si elles tentaient de le faire, cela pourrait même les pousser à sous-estimer la santé réelle de certains émetteurs. Mais, en même temps, ignorer les cycles peut les conduire à ne pas percevoir un risque de défaut. Voilà pourquoi il est important de ne jamais se fier aveuglément aux cotes de crédit.