Zone euro : un nuage noir se dessine

Pénalisés par la contraction de 14 % de l’économie nationale depuis 2009, les Grecs ont profité des élections pour faire connaître leur grogne.

Les deux partis centristes, qui ont dirigé le pays à tour de rôle depuis son accession à la démocratie en 1974, ont été en effet lourdement pénalisés. Le Pasok (socialiste) et la Nouvelle démocratie (droite) n’ont obtenu que 149 sièges sur les 300 du Parlement.

En revanche, le parti d’extrême gauche Syriza a récolté 52 sièges, alors que le parti néonazi Aube dorée faisait son entrée au Parlement, avec 21 sièges.

Évidemment, ce méli-mélo politique inquiète. Ces divisions profondes entre les élus laissent présager que le gouvernement fera face à une opposition politique très forte. Il aura de la difficulté à former une coalition et, même s’il y arrive, celle-ci sera rapidement mise à l’épreuve par les importants enjeux économiques, comme le taux de chômage de 23 % (50 % chez les jeunes).

Soulignons aussi que le gouvernement grec a promis à l’Union européenne qu’il proposera de nouvelles restrictions d’environ 11 G d’euros vers la fin de juin. Il est fort possible que la population réponde à ces mesures additionnelles par des manifestations et des grèves.

Autre chose préoccupante, ces élections reflètent un vent de transformation du paysage géopolitique européen. Des partis radicaux de gauche et d’extrême droite font désormais une lutte plus coriace aux partis politiques établis. Et les électeurs européens vont avoir d’autres occasions d’exprimer leur mécontentement. Par exemple, l’Irlande tiendra un référendum sur l’adoption du pacte budgétaire de l’UE le 31 mai prochain, alors que les élections législatives françaises se tiendront les 10 et 17 juin 2012.

Déjà, l’incapacité de l’UE à résoudre les problèmes d’ordre économique d’un petit pays comme la Grèce n’inspirait pas confiance en sa capacité de faire face aux défis qui se profilent au Portugal, en Irlande et en Espagne. Cette situation est maintenant encore plus complexe étant donné la montée de la division politique dans la zone euro. Tout cela laisse entrevoir un énorme nuage noir à l’horizon.