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mardi 24 avril 2012, par Christine Deslandes
Peu importe qui est élu le 6 mai prochain, au lendemain des élections, le nouveau président de la République devra expliquer courageusement à ses électeurs que la situation économique l’oblige à renoncer à certaines de ses promesses.
Même si pour un moment, le mauvais état de santé de la France avait échappé aux observateurs, attentifs aux problèmes de la Grèce, du Portugal, de l’Irlande et de l’Espagne, voilà que le changement de garde a remis le pays sur la sellette.
Souffrant d’une croissance anémique, la France a vu son économie progresser d’un maigre 0,2 % au dernier trimestre 2011, pour ensuite stagner au premier trimestre 2012. Et l’embellie n’est pas pour demain, puisque l’Institut national de la statistique et des études économiques prévoit une croissance nulle pour les 18 prochains mois.
Comme toujours quand l’économie fléchit, les rangs des chômeurs se gonflent. Le taux de chômage atteint le niveau record de 10 % (supérieur au taux de 8,6 % de l’Italie). L’OCDE prévoit qu’il atteindra 10,7 % à la fin de 2012. Comme dans de nombreux pays européens, les jeunes de 18 à 24 ans écopent davantage, avec 23 %.
Ces difficultés économiques françaises sont directement liées à la perte de compétitivité du pays, principalement dans le secteur industriel. Depuis que M. Sarkozy est arrivé au pouvoir, 355 000 emplois ont été supprimés dans les usines françaises. Aujourd’hui, la France est l’un des pays les moins industrialisés d’Europe, dépassant seulement le Luxembourg et la Grèce.
Sans surprise, cet effritement de la compétitivité s’est répercuté sur les exportations. En 2011, la France a affiché un déficit commercial record.
Autre problème important : la dette colossale. Il est aujourd’hui primordial que la France réduise ses dépenses gouvernementales pour résoudre son problème grandissant de dette publique. Celle-ci atteignait 88 % du PIB à la fin de 2011, soit une augmentation de 33 % depuis 2007. Le service de la dette est désormais le deuxième poste de dépenses publiques, après l’éducation. La Cour des comptes, le vérificateur général en France, a tiré la sonnette d’alarme en février, en révélant que, sans changements drastiques, la dette publique pourrait atteindre 100 % du PIB d’ici 2015 ou 2016.
Or, la France ne pourra pas redresser la situation sans faire de remous. Sans des réformes et des coupures budgétaires, le pays ne pourra pas retrouver sa compétitivité et se repositionner dans une logique de croissance à long terme. Mais si des mesures restrictives sont appliquées, celles-ci, qui normalement peuvent avoir des effets positifs notables sur l’économie au bout de quelques années, entraîneront à court terme de violentes réactions du peuple français qui s’oppose majoritairement à des restrictions et à de vastes réformes pour libéraliser le marché.
D’autre part, la France ne peut pas compter sur l’aide de ses voisins, étant donné que bon nombre d’entre eux sont accablés par des dettes importantes et de lourdes mesures d’austérité.
Pour remettre le pays à flot, tout en conservant la faveur de l’électorat, le nouveau président de la République devra donc avoir un doigté et un flair exceptionnels… Parions que des économistes veilleront à lui rappeler qu’on peut facilement améliorer la compétitivité d’un pays en dévaluant tout bonnement sa monnaie – ce qui est impossible avec l’euro…